La première partie étudie les conditions sociopolitiques d’émergence des indicateurs. La deuxième propose un décryptage systématique des options de quantification de deux indicateurs: l’Epargne Nette Ajustée (ENA) et l’Indice de Bien-être économique (IBEE). Outre l’explicitation de la normativité inhérente à tout choix de quantification, l’étude de ces deux cas démontre l’inadaptation de leurs options méthodologiques pour quantifier la soutenabilité de manière cohérente. Il importe dès lors de questionner les critères de qualité à l’aune desquels les indicateurs devraient être évalués. C’est à cette tâche que s’attèle la troisième partie de la thèse. Le critère de cohérence performative y est développé. La recherche des conditions épistémologiques et théoriques nécessaires au respect d’un tel critère invite à dépasser le paradigme dominant pour explorer d’autres courants, dont Ecological Economics semble être le plus fécond s’il s’agit d’élaborer de nouveaux indicateurs au-delà du PIB.
Au-delà du PIB : un tournant historique. Enjeux méthodologiques, théoriques et épistémologiques de la quantification.
Thèse de Géraldine Thiry sous la direction d’Isabelle Cassiers, 2012
Pendant des décennies, croissance du PIB et progrès des sociétés ont été largement associés l’un à l’autre. Toutefois, l’acuité des récentes crises économiques, sociales et écologiques confronte les sociétés à l’inadéquation de plus en plus profonde de leur mode de développement vis-à-vis des conditions écologiques et humaines de leur perpétuation.L’abondance de nouveaux indicateurs visant un “au-delà du PIB” est symptomatique d’une recherche de dépassement de cette inadéquation. Cependant, traiter de finalités de société au moyen de la quantification engendre des risques de nature démocratique. Face à ces risques, la thèse, structurée en trois parties, entend mettre en lumière la normativité des indicateurs et en explorer les conséquences.